Je veux décrire les champs, avec les herbes autour, et les buissons. Je veux dire le bonheur et écrire l’instant. Pour fixer la mémoire et la regarder s’épuiser en encre de pensées.

Et nous qui courons, ou plutôt tanguons, d’un pied sur l’autre, dans nos tennis un peu sales déjà. Les mottes de terre meuble et les graminées qui s’élancent vers le vent d’Ouest, sous le soleil chaud.

Les frênes observent la scène. Troncs tortueux et feuilles vertes, pâles. Ils sont bien accompagnés, mais leurs voisins sont anonymes, épineux.

Et il y a les rires, puis les chants d’oiseaux, et enfin les grillons. En réalité, on entre dans une bulle de silence étonné. Les insectes se taisent et attendent. Et nous qui courons, d’une bulle à l’autre, avalant des goulées d’air par le nez, pour ne pas faire de bruit. On piétine quand même, en penchant la tête sur un côté, puis l’autre. Un pas, puis le suivant. Affus du chasseur, sa lance-herbe aggripée avec fermeté et sérieux.

Le bonheur ne s’encombre pas du ridicule.

‎ 

Un ballon qui dévale la pente ; suivi de près par des pieds, qui dégringolent, cavalent, roulent-boulent et crapahutent. Les herbes hautes se laissent fendre dans une indifférence inclinée. Trace tonitruante du passage des momes.

La terre s’envole, la poussière sur les talons, du rouge sur les coudes lorsqu’on trébuche.

On ne pense à pleurer qu’un temps. L’instant d’avant, avant de se relever et de courir à nouveau dans le champ infini des bonheurs juveniles et parfaits.

‎ 

Après-midi d’été.