Depuis ma cuisine, j’aperçois le grillage vert du cimetière. Le vent joue avec les cheveux d’un drapeau-filaments. Tricolore manifestation d’un décès anonyme.
C’était pareil à Jean-Moulin. La cour, les salles de classe, et à l’est, sur la pente ici clémente, des tombes. Depuis le pupitre, en tournant la tête, on voyait l’Aubrac, on guettait la neige sur les cimes limées. Au collège, les morts de derrière l’arrêt de bus sont séparés des élèves par un mur de pierres sèches.
Comme à Vannes, les plans d’urbanisme ont placé l’enseignement hors du centre vivant, et proche du temps. Faute de place, la jeunesse-innocence cottoie son avenir inavoué.