“Tu veux un thé ?”
Les volets-rideaux sont déjà tirés. Lumière des réverbères jaunâtres, filtrant à taton. Léger écoulement en goutières d’une averse avortée. Les deux chauffages autrefois blanc tourmentent leur ivoire pour un semblant de chaleur.
“Oui, s’il te plaît.”
Bouilloire opaque - calquaire récalcitrant - et grandes tasses en entrechoc. Déchirement des sachets. Les cuillers tintent, brillent sous les yeux-filaments des lampes de chevet.
“Tu mets trop de sucre.
- J’aime quand c’est sucré.”
Brûlure de la lèvre supérieure ; mouvement de recul contrôllé. Le thé sous la couette est un art délicat.
Observation fantomatique de ce qui a été. Estival et incrongru rappel d’un hiver incroyablement doux. Mélancolie coupable des souvenirs souterrains.
“J’ai froid.”