Il y a des grouffres fendant l’espace. Engloutissant le temps. Il n’existe plus rien d’autre. Seulement l’eau, le ciel, et le corps.

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L’esprit reste cloitré dans la tête, de peur de se faire arracher par la déferlante. Seulement un instant, le froid le fait dériver ; les phallanges entre blanc laiteux et rouge sang.

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Des monts se meuvent en silence, devant soi. On les voit onduler depuis ce qui semble le large, s’amplifiant à chaque mètre. La ligne d’horizon perd sa lisseur, remplacée par un mur en formation. Le souffle venu de la terre plaque un crépis épais mais sans écume à la surface.

Il est accompagné de quelques rayons d’un soleil froid, qui transperce les nuages hivernaux. Fenêtre sur ciel, derrière ses rideaux de pluie en devenir.

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L’onde est là. Elle a acceléré sa course sur les derniers mètres. Sous l’eau, les palmes aggripées aux pieds insensibles se débattent.

Ascension.

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Instant de grâce ; retombée. Le corps est tiré en arrière. Jambes qui luttent ; nerfs cramponnés à la planche.

Silence. Le vent arrache une pluie drue depuis le fil de la lame. Les gouttes rebondissent sur la surface sombre et l’arrière du crâne.

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Puis, le fracas. L’univers tonne, gronde et tremble. Derrière, il n’y a plus de plage ; seulement les restes déchainés d’un colosse.

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Droit devant, une nouvelle ère se forme.

Dichotomie spatiale.