Il n’y a pas d’écho du monde, ici. Il n’y a rien que le vent, son souffle, la chaleur et les pins.

Il n’y a pas encore de cigales. Elles viendront.

 

Ma muse était solitude mais jamais silence.

 

Le ressac des vagues et le déferlement des marées subtilisent l’ouïe au vent un instant.

 

Face au large, je ne comprends plus rien. Il m’est impossible de saisir l’essence de ce qui est autour, du monde, alors que pourtant c’est là, c’est devant l’Océan que j’en suis le plus proche.

 

Les murmures d’albatros et de poète, le regard au-delà de l’horizon, arrivent par bribes effacées déjà par les coups,

de vent.

 

Le sable conte précisément la violence de vagues. La rage inexorable des lames bleutées me frappe. Je ne suis rien devant la nature, non pas comme créateur admirant et craignant sa beauté, mais comme être, ployant devant sa toute puissance.

 

Je ne comprends plus.

Je ne sais rien.

Je ne suis rien.

 

Par-deçà les crètes d’écumes, les embruns qui viennent cingler la plage, il y a la peur. Celle qui ronge, celle qui submerge.

 

Je ne suis rien.

 

Une brindille balayée par le courant, emportée au loin puis engloutie. Une brindille ne se débat pas, elle ne crie pas, elle flotte un instant puis s’enfonce lentement, dans l’obscurité. Enfin, elle n’est rien.

La brindille n’a laissé aucune trace. Ou plutôt, l’Océan a déjà effacé le soubresaut du sable, là où elle se trouvait avant. On n’oubliera pas cette brindille puisqu’on ne la savait déjà pas.

 

Les vagues effaceront tout.