Ma mère coud. La lampe jaune de la machine éclaire ses mains craquelées. Lumière artificielle mêlée au soleil froid, balayé par un vent d’autan facétieux.

La machine vrombit sur le tissu, fidèle envoyée des trente glorieuses. Couleurs grand-mère, qui, elle, observe et guide.

Image douce et bienveillante, cheveux autrefois teints, acceptés immaculés. Sourire depuis les pupilles vers l’extrémité des yeux, illuminant un visage éprouvé. Mon grand-père râlotte sans conviction sur un genou défectueux après son opération.

Les inséparables, bloc de granit ancré dans le temps des adieux. Je ne sais lequel disparaîtra d’abord, ou s’ils cesseront tous deux de simplement être au même moment, comme si leur paire était impossible dans la demi-existence. Par définition, j’espère ne jamais devoir consoler l’un ou l’autre.